Le fonds d'investissement EQT va introduire à la Bourse suisse le laboratoire de dermatologie Galderma, qui espère lever ainsi 2,3 milliards de dollars. Partenaire d'Ipsen pour ses toxines botuliques rivales du Botox, Galderma a atteint les 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier, soit une croissance de 8,5 %.
Fondé en 1981 par Nestlé et L'Oréal, puis repris en 2019 par un consortium de fonds emmené par le suédois EQT, le laboratoire de dermatologie Galderma entame un nouveau chapitre. EQT va l'introduire à la Bourse de Zurich. L'opération s'effectuera essentiellement par émission d'actions nouvelles. Le consortium mené par EQT restera actionnaire tout en cédant une partie non précisée de ses titres. L'opération permettra au laboratoire de lever des fonds.
« Galderma vise une levée de capital d'environ 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) pour rembourser et refinancer sa dette », a-t-il précisé dans le communiqué annonçant son projet de cotation. Ce pourrait être la plus grosse opération de l'année à la Bourse de Zurich.
Très présent en beauté cosmétique et en produits injectables d'esthétique, Galderma développe aussi une activité pharmaceutique en dermatologie. Basé à Zoug (Suisse), le groupe possède quatre usines et emploie 6.500 personnes au niveau mondial, dont 500 en France.
Partenaire d'Ipsen
Galderma se présente comme un « pur player » de la dermatologie, avec, en particulier, sa marque de cosmétiques Cetaphil (nettoyants, crèmes anti-âge, etc.), issue du portefeuille de Nestlé Skin Health, dont le premier produit a été lancé il y a 75 ans.
Aujourd'hui encore, Cetaphil pèse lourd dans l'activité de Galderma avec, en 2023, des ventes de plus d'un milliard de dollars, soit un quart de son chiffre d'affaires 2023 (4,1 milliards de dollars). La dermocosmétique a été celui de ses trois segments d'activité ayant connu la plus forte croissance l'an dernier (+12,1 %).
Galderma est également présent sur le créneau pharmaceutique, avec des produits de dermatologie (pour l'acné rosacée, la dermatite atopique, par exemple, ou encore le prurigo nodulaire), ainsi que les produits injectables esthétiques (acide hyaluronique, etc.).
Il assure en particulier la commercialisation des toxines botuliques développées par le laboratoire pharmaceutique français Ipsen, qui est, au niveau mondial, le principal rival mondial du Botox de l'américain Allergan (groupe Abbvie). Ipsen commercialise lui-même sa toxine botulique dans les applications médicales (elle sert notamment pour la réadaptation des muscles post-AVC), mais pour les applications esthétiques, ses marques de relaxants musculaires (Azzalure, Dysport…) passent par un partenariat de commercialisation avec Galderma.
Report de cotation
Cette relation contractuelle pourrait s'amoindrir un peu à l'avenir. Le français développe une nouvelle génération de toxine botulique à longue durée d'action (plutôt six mois que trois mois) et a prévenu : si cette nouvelle génération franchit avec succès le cap des essais cliniques, il compte se charger lui-même de sa commercialisation, quel qu'en soit l'usage, pour en conserver tout le bénéfice.
Sur ses trois créneaux de la dermocosmétique, de l'esthétique et du pharmaceutique, Galderma a connu une croissance de 8,5 % à taux de change constants en 2023, et sa marge brute d'exploitation (Ebitda core) a augmenté de 281 points de base à 23,1 %. Pour 2024, il prévoit une nouvelle croissance de ses ventes (+7 % à +10 %).
Après avoir racheté Galderma à Nestlé en 2019 pour 10,2 milliards de francs suisses (10,6 milliards d'euros), le consortium de fonds mené par EQT (qui comprend notamment Adia, le fonds d'Abu Dhabi) avait dû reporter le projet initié en 2021 de l'introduire en Bourse, face à la détérioration des conditions de marché.
Il repasse à l'action dans un contexte de Bourse haussière et a indiqué que l'opération pourrait se faire dès Pâques (fin mars), sans préciser, à ce stade, quelle fraction de sa participation il céderait en complément de l'augmentation de capital prévue par Galderma.
Myriam Chauvot